histoire du musée et des collections
> UN MUSÉE DES BEAUX-ARTS À PAU : LA GENÈSE
Charles Clément Le Cœur, architecte parisien, séjourne dans les Pyrénées et à Pau dès 1843 afin de soigner ses problèmes pulmonaires. Complètement rétabli et tombé sous le charme de la région, il s’installe définitivement dans la capitale béarnaise aux alentours de 1850.
Particulièrement investi dans la vie publique locale, Charles
Le Cœur devient conseiller municipal et mène à bien deux projets :
- la création de la Société des Amis des Arts en 1863 et l’organisation de Salons (expositions d’art publiques annuelles),
- la fondation du musée en 1864 (dont il est nommé conservateur), afin d’exposer les œuvres achetées au Salon de la Société des Amis des Arts.
Joseph Auguste Rousselin, Charles Le Cœur, huile sur toile, 1869 >
> UN MUSÉE DES BEAUX-ARTS À PAU : L’ESSOR DES COLLECTIONS
Le musée des beaux-arts de Pau s’enrichit progressivement grâce à des legs, des achats de la ville et des dépôts de l’État.
Sous l'impulsion de Charles Le Cœur, la collection s’étoffe de toiles de peintres locaux, du legs de cinq œuvres d’Eugène Devéria et enfin de l’envoi de 24 œuvres par l’État.
Le musée est également classé par l’État en 1869.
< Eugène Devéria, La Naissance d'Henri IV, huile sur toile, 1827-33
> UN MUSÉE DES BEAUX-ARTS À PAU : LE LEGS LA CAZE
Le collectionneur parisien Louis La Caze meurt en 1869. Son legs de 583 tableaux au profit de l’État devient l’un des apports les plus considérables au sein des collections du Département des Peintures du musée du Louvre.
Le testament prévoyait également que certaines œuvres puissent être réparties entre différents musées de province avec une mention particulière pour le musée de Pau.
Finalement, 272 peintures sont retenues par le musée du Louvre.
Le musée des beaux-arts de Pau bénéficie alors en 1872 d’un enrichissement spectaculaire avec le dépôt de 30 œuvres, dont des toiles d’artistes majeurs tels que José de Ribera, Nicolas de Largillierre et Francisco de Zurbarán.
La peinture européenne des XVIIe et XVIIIe siècle trouve désormais sa place au côté d’œuvres du XIXe siècle.
Louis La Caze, Autoportrait, huile sur toile, 1843 >
> UN MUSÉE DES BEAUX-ARTS À PAU : LE LEGS NOULIBOS
Par un testament daté de janvier 1873, Émile Noulibos (avocat palois) lègue à son décès en mars 1875 un revenu d’environ huit mille francs destiné aux achats du musée de Pau. Il précise qu'ils devront privilégier « l’école moderne » et seront effectués au sein des œuvres présentées lors des expositions annuelles de la Société des Amis des Arts.
Le musée jouit des revenus du legs dès 1878 et la première acquisition n'est autre que la toile d'Edgar Degas, Un bureau de coton à la Nouvelle-Orléans.
Le musée bénéficie jusqu'en 1900 des revenus Noulibos et ces différentes acquisitions développent la prédominance de la peinture du XIXe siècle dans les collections du musée.
< Paul Lafond, Portrait de Émile Noulibos, eau forte, XIXe siècle
> UN MUSÉE DES BEAUX-ARTS À PAU : UN ÉTABLISSEMENT
DE RÉFÉRENCE
Au XXe siècle, une politique d’achats réguliers et de diversification des collections est mise en place. Elle est complétée par différents dépôts de l'État et du FNAC (Fonds National d'Art Contemporain).
Le Greco, Benjamin-Constant, Camille Corot, Berthe Morisot, Bernard Boutet de Monvel, Albert Marquet, André Lhote et Jacques Monory rejoignent les collections et étoffent le musée de noms prestigieux.
Ainsi, les conservateurs qui se sont succédés ont eu à cœur de maintenir l'équilibre délicat entre le nécessaire enrichissement des collections de peintures anciennes et une attention soutenue à l’art des XIXe et XXe siècles.
Conforté dans sa spécificité « beaux-arts », le musée est un établissement de référence pour l’art européen du XVIe au XXe siècle dans le grand Sud-Ouest.
- Le Greco, Saint François d'Assise recevant les stigmates, huile sur toile, XVIe XVIIe
- Jean Joseph Benjamin-Constant, Les Chérifas, huile sur toile, 1884
- Camille Corot, Fontainebleau, aux gorges d'Apremont, huile sur papier marfouflé sur toile, 1834
- Berthe Morisot, Pasie cousant dans le jardin de Bougival, huile sur toile, 1881
- Bernard Boutet de Monvel, Le Pensionnat de Nemours, huile sur toile, 1909
- Albert Marquet, Barques à Ciboure, huile sur toile, 1927
- André Lhote, 14 juillet en Avignon, huile sur toile, 1923
- Jacques Monory, Meurtre n° VIII, acrylique sur bois et plexiglas, 1968
> UN MUSÉE DES BEAUX-ARTS À PAU : UN BÂTIMENT ART DÉCO
À sa création en 1864, le musée est logé à quelques mètres du château, dans le bâtiment du Parlement de Navarre. Il occupe alors une partie du premier étage. Si, dans un premier temps, cet espace donne toute satisfaction, il n’en est pas de même après 1872 avec l’arrivée du dépôt La Caze puis après 1875 avec l’enrichissement croissant des collections permis par le revenu du legs Noulibos.
En 1881, le musée déménage dans un espace plus vaste et inoccupé : l’ancien asile (emplacement actuel du musée) !
En 1891, confronté à l’accroissement régulier des collections, Charles Le Cœur réclame de nouveaux aménagements et plus particulièrement un agrandissement des locaux.
Il faut patienter jusqu’en 1929 pour qu’un projet prenne corps. Il s’agit en réalité d’une transaction signée le 4 février
1929 entre un promoteur immobilier, Henri Lillaz, et la Ville de Pau. Celui-ci se charge de construire à ses frais le musée et la bibliothèque en échange de la cession par la ville d’un important terrain sis sur le boulevard des Pyrénées (emplacement du futur Palais des Pyrénées).
Cette double opération est rondement menée : le musée et la bibliothèque sont inaugurés dès le 8 octobre 1931.
L’architecte, Jacques Ruillier, adepte d’un style Art Déco épuré, livre un bâtiment d’une évidente qualité architecturale autant que fonctionnelle.
Deux étages de galeries se développent autour d’un vaste espace central conçu pour mettre en valeur le tableau d’Eugène Devéria, La Naissance d’Henri IV.
Si, au rez-de-chaussée, les galeries reçoivent un éclairage naturel latéral produit par de larges fenêtres au dessin élégant, l’étage, en revanche, bénéficie d’une magnifique lumière zénithale généreusement offerte par une verrière développant un volume caractéristique du style Art déco. Malheureusement, des vices dans la construction de la toiture vont favoriser des infiltrations d’eau et provoquer des dégâts qui nécessitent la fermeture du musée le 15 octobre 1942. Des travaux sont effectués avec le concours financier de l’État et sous le contrôle de l’architecte des bâtiments de France. Ils consistent principalement en la réfection de la toiture et en diverses modifications sur la façade d’entrée du musée. En effet, afin d’assurer un éclairage naturel aux nouveaux bureaux de la conservation, trois fenêtres sont percées en façade et introduisent un rythme précédemment absent du bâtiment.
Le musée ré-ouvre finalement ses portes le 22 juin 1953.
> L’ESPACE DES ARTS
En 2018, la Ville de Pau mandate l’architecte François Lathelize pour imaginer un seul et même espace composé du musée des beaux-arts et de l'École Supérieure d'Art et de Design des Pyrénées (ÉSAD).
La mission de réhabilitation a ainsi pour but de valoriser l'architecture Art Déco de l'ancienne bibliothèque et du musée afin de re-créer un ensemble architectural remarquable et cohérent.
Les travaux consistent en :
- la construction d'une liaison en verre (la vague) entre le musée et l'ancienne bibliothèque,
- la construction d'un parvis abritant des salles de cours en sous sol pour l'ÉSAD,
- la réhabilitation de la bibliothèque, offrant de nouveaux espaces pour l'accueil et l'administration, un auditorium, un centre de documentation, des salles de cours et des ateliers pour accueillir et former les 250 étudiants de l'ÉSAD.
Le parvis est habillé de deux sculptures, déposées à la Ville de Pau pour une durée de 10 ans. Une commande exceptionnelle pour l'Espace des Arts : L’Acrobate de Bernard Pagès et Le Cri d’Étienne Martin, pionnier de la sculpture moderne.
Ce tout nouvel Espace des Arts est inauguré le 9 novembre 2019.
