Van Dongen, le fauve fantasque

En 1905, l’artiste subversif Kees van Dongen expose au Salon d’automne aux côtés de Henri Matisse, André Derain, Albert Marquet et Maurice de Vlaminck. Toutes ces œuvres aux couleurs vives et incandescentes, jugées outrancières, provoquent un véritable scandale. Les critiques d’art se déchainent et parlent de « bariolages informes », de « brosses en délire », « de mélange de cire à bouteille et de plumes de perroquet ». L’histoire retient la formule du critique Louis Vauxcelles : « C’est Donatello parmi les fauves », vite rebaptisée en « la cage aux fauves ». Par extension, les artistes et les 39 tableaux aux couleurs stridentes de cette salle sont assimilés à cette expression et leur peinture est qualifiée de fauviste (mouvement qui enclenche le processus de l'art moderne et de l’abstraction).

Réputé pour ses portraits de femmes, Kees van Dongen a dit un jour avec son sens unique du sarcasme : « Le secret de mon succès ? Peindre les femmes plus minces et leurs bijoux plus gros », « Les bourgeoises sont stupides et insignifiantes, et les nouvelles riches sont ennuyeuses, mais les tableaux qui les représentent sont des chefs- d’œuvre ».

Kees van Dongen est à l'apogée de son succès dans les années qui suivent la Première Guerre mondiale. Les commandes affluent, il devient le peintre attitré d'une certaine partie de la haute société parisienne et dépeint le milieu libertin et mondain dans lequel elle évolue.
La modernité de ces portraits garantit à Kees Van Dongen un succès immédiat et lui assure la liberté de peindre indépendamment de tout mouvement. Il ne se contente pas de flirter avec la provocation en soulignant le caractère érotique de certains de ses modèles, son travail
étant parfois jugé scandaleux.

Le début des années 1930 marque un tournant dans sa carrière : il est frappé de plein fouet par la dépression économique de 1929. Les clients se raréfiant, Kees van Dongen se replie alors sur lui-même. Après la Seconde Guerre mondiale, il s'installe à Monaco, où il meurt en 1968.

Kees van Dongen, Anne Diriart, huile sur toile, 1924

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